Bonjour et, avant tout, une bonne année 2011 à toutes et à tous!
Je viens de terminer "homo disparitus", un livre écrit par Alan Weisman en 2007.
J'en ai tiré quelques trucs nucléaires pas sympas qui risquent de nous tomber dessus
dans l'après-pétrole.
Il y a non seulement le problème des centrales en elles-mêmes, mais aussi
celui des déchets et, à très très long terme, celui des ogives
nucléaires.
Les centrales (p271-272)
Imaginons qu'on les prévienne suffisamment à l'avance pour qu'ils aient le temps
de fermer la centrale en bloquant toutes les tiges dans le coeur du réacteur afin de
stopper la réaction et d'interrompre la production d'électricité. La centrale
désertée, sa connexion au réseau sera automatiquement coupée. Des génératrices de
secours d'une autonomie de sept jours prendront le relais pour assurer la
circulation du liquide de refroidissement, car même si la fission est interrompue
dans le coeur du réacteur, l'uranium continue de se décomposer, générant environ 7%
de la chaleur d'un réacteur actif. Chaleur qui suffirait à mettre sous pression
l'eau qui circule dans le coeur. De temps à autre, une soupape de sûreté rejettera
l'eau surchauffée avant de se refermer une fois la pression diminuée. Cependant,
chaleur et pression augmenteront à nouveau, et la soupape devra encore jouer son
rôle.
Puis, à un moment donné, surviendra un problème: épuisement de la réserve d'eau,
dysfonctionnement d'une soupape ou extinction des pompes de secours. Et alors le
liquide de refroidissement ne circulera plus. Dans le même temps, le combustible
restera quant à lui très chaud. Il fera bouillir l'eau dans laquelle il baigne. En
tout au plus quelques semaines, le sommet du réacteur se retrouvera à l'air libre et
entrera en fusion.
Si tout le monde disparaît ou s'enfuit, 441 centrales nucléaires, nombre d'entre
elles dotées de plusieurs réacteurs, continueraient brièvement de fonctionner en
mode automatique, le temps pour chacune de surchauffer. Comme les programmes de
réapprovisionnement en combustible sont généralement c_nçus de sorte que certains
réacteurs se régénèrent pendant que d'autres sont éteints, il y a de grandes chances
pour que la moitié d'entre eux brûlent pendant que l'autre moitié fondra. Dans un
cas comme dans l'autre, l'émission de radioactivité dans l'air sera proprement
gigantesque et perdurera, pour ce qui est de l'uranium enrichi, dans les temps
géologiques.
Les déchets (p268-270)
La masse totale de déchet nucléaire à haute activité produite par les 441
centrales de la planète avoisine les 13000 tonnes. Le combustible nucléaire usagé
est jusqu'à un million de fois plus radioactif qu'avant son utilisation. Au cours de
son passage dans le réacteur, il s'est mis à se transformer en éléments plus lourds
que l'uranium enrichi: par exemple des isotopes du plutonium et de l'américanium. Or
ce processus se poursuit dans les décharges, où les tiges usagées échangent des
neutrons tout en rejetant des particules alpha et beta, des rayons gamma et de la
chaleur.
Si les humains venaient à disparaître subitement, l'eau des bassins de
refroidissement aurait tôt fait de bouillir et de s'évaporer. Une fois le
combustible usagé en contact avec l'air, sa chaleur enflammera le revêtement des
tiges de combustible, déclenchant un incendie radioactif qui dégagera des nuages
de cendres radioactives à travers le continent.
On utilise aussi un autre procédé, la vitrification. On fait fondre les déchets
nucléaires à haute activité dans des fourneaux avec des billes de verre. Une fois
transvidés dans des conteneurs en acier inoxydable, ils se transforment en blocs
solides de verre radioactif.
Les déchets vitrifiés sont entreposés dans des locaux climatisés. Si le courant
vient un jour à s'éteindre pour de bon, une salle remplie de matériau radioactif en
décomposition se réchauffera peu à peu, avec les conséquences désastreuses que cela
implique.
Les ogives (p258-259)
Si nous quittions cette planète du jour au lendemain — autrement qu'en nous
réduisant nous-même en poudre, cela va sans dire — nous laisserions derrière nous
quelques trente mille ogives nucléaires intactes. En notre absence, elles n'ont pas
la moindre chance d'exploser.
En revanche, ce qui ne manquera pas de se produire, c'est la corrosion des entrepôts
dans lesquels sont stockés ces bombes, qui se retrouveront dès lors exposées aux
éléments. Le plutonium 239 de ces armes a une demi-vie de 24110 ans. Donc, quand le
cône d'un missile balistique intercontinental se sera désintégré au bout de 5000
ans, la plupart des 4,5 à 9kg de plutonium qu'il contient ne se seront pas dégradés.
Ce plutonium rejettera des particules alpha — des groupes de protons et de neutrons
suffisamment lourds pour être bloqués par la fourrure ou la peau, mais dont les
effets sont dévastateurs pour la créature qui les inhale (chez l'homme, une dose
d'un millionième de gramme peut provoquer un cancer des poumons).
Conclusion
Habiter "loin" d'une centrale nucléaire ne servira pas à grand-chose. Rien n'arrête
le vent... Et il n'y a qu'à voir la carte mondiale des centrales:
http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/7/73/Centrales_Nucleaires_fr.svg
pour constater qu'en France nous sommes assis sur un nid de centrales!
La solution consistera-t-elle à s'enterrer?
Vous connaissez ces cités souterraines en Cappadoce? Comme celle de Derinkuyu, sur
au moins 18 étages, à 85 mètres sous la terre, pouvant abriter 30000 personnes...
Je viens de terminer "homo disparitus", un livre écrit par Alan Weisman en 2007.
J'en ai tiré quelques trucs nucléaires pas sympas qui risquent de nous tomber dessus
dans l'après-pétrole.
Il y a non seulement le problème des centrales en elles-mêmes, mais aussi
celui des déchets et, à très très long terme, celui des ogives
nucléaires.
Les centrales (p271-272)
Imaginons qu'on les prévienne suffisamment à l'avance pour qu'ils aient le temps
de fermer la centrale en bloquant toutes les tiges dans le coeur du réacteur afin de
stopper la réaction et d'interrompre la production d'électricité. La centrale
désertée, sa connexion au réseau sera automatiquement coupée. Des génératrices de
secours d'une autonomie de sept jours prendront le relais pour assurer la
circulation du liquide de refroidissement, car même si la fission est interrompue
dans le coeur du réacteur, l'uranium continue de se décomposer, générant environ 7%
de la chaleur d'un réacteur actif. Chaleur qui suffirait à mettre sous pression
l'eau qui circule dans le coeur. De temps à autre, une soupape de sûreté rejettera
l'eau surchauffée avant de se refermer une fois la pression diminuée. Cependant,
chaleur et pression augmenteront à nouveau, et la soupape devra encore jouer son
rôle.
Puis, à un moment donné, surviendra un problème: épuisement de la réserve d'eau,
dysfonctionnement d'une soupape ou extinction des pompes de secours. Et alors le
liquide de refroidissement ne circulera plus. Dans le même temps, le combustible
restera quant à lui très chaud. Il fera bouillir l'eau dans laquelle il baigne. En
tout au plus quelques semaines, le sommet du réacteur se retrouvera à l'air libre et
entrera en fusion.
Si tout le monde disparaît ou s'enfuit, 441 centrales nucléaires, nombre d'entre
elles dotées de plusieurs réacteurs, continueraient brièvement de fonctionner en
mode automatique, le temps pour chacune de surchauffer. Comme les programmes de
réapprovisionnement en combustible sont généralement c_nçus de sorte que certains
réacteurs se régénèrent pendant que d'autres sont éteints, il y a de grandes chances
pour que la moitié d'entre eux brûlent pendant que l'autre moitié fondra. Dans un
cas comme dans l'autre, l'émission de radioactivité dans l'air sera proprement
gigantesque et perdurera, pour ce qui est de l'uranium enrichi, dans les temps
géologiques.
Les déchets (p268-270)
La masse totale de déchet nucléaire à haute activité produite par les 441
centrales de la planète avoisine les 13000 tonnes. Le combustible nucléaire usagé
est jusqu'à un million de fois plus radioactif qu'avant son utilisation. Au cours de
son passage dans le réacteur, il s'est mis à se transformer en éléments plus lourds
que l'uranium enrichi: par exemple des isotopes du plutonium et de l'américanium. Or
ce processus se poursuit dans les décharges, où les tiges usagées échangent des
neutrons tout en rejetant des particules alpha et beta, des rayons gamma et de la
chaleur.
Si les humains venaient à disparaître subitement, l'eau des bassins de
refroidissement aurait tôt fait de bouillir et de s'évaporer. Une fois le
combustible usagé en contact avec l'air, sa chaleur enflammera le revêtement des
tiges de combustible, déclenchant un incendie radioactif qui dégagera des nuages
de cendres radioactives à travers le continent.
On utilise aussi un autre procédé, la vitrification. On fait fondre les déchets
nucléaires à haute activité dans des fourneaux avec des billes de verre. Une fois
transvidés dans des conteneurs en acier inoxydable, ils se transforment en blocs
solides de verre radioactif.
Les déchets vitrifiés sont entreposés dans des locaux climatisés. Si le courant
vient un jour à s'éteindre pour de bon, une salle remplie de matériau radioactif en
décomposition se réchauffera peu à peu, avec les conséquences désastreuses que cela
implique.
Les ogives (p258-259)
Si nous quittions cette planète du jour au lendemain — autrement qu'en nous
réduisant nous-même en poudre, cela va sans dire — nous laisserions derrière nous
quelques trente mille ogives nucléaires intactes. En notre absence, elles n'ont pas
la moindre chance d'exploser.
En revanche, ce qui ne manquera pas de se produire, c'est la corrosion des entrepôts
dans lesquels sont stockés ces bombes, qui se retrouveront dès lors exposées aux
éléments. Le plutonium 239 de ces armes a une demi-vie de 24110 ans. Donc, quand le
cône d'un missile balistique intercontinental se sera désintégré au bout de 5000
ans, la plupart des 4,5 à 9kg de plutonium qu'il contient ne se seront pas dégradés.
Ce plutonium rejettera des particules alpha — des groupes de protons et de neutrons
suffisamment lourds pour être bloqués par la fourrure ou la peau, mais dont les
effets sont dévastateurs pour la créature qui les inhale (chez l'homme, une dose
d'un millionième de gramme peut provoquer un cancer des poumons).
Conclusion
Habiter "loin" d'une centrale nucléaire ne servira pas à grand-chose. Rien n'arrête
le vent... Et il n'y a qu'à voir la carte mondiale des centrales:
http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/7/73/Centrales_Nucleaires_fr.svg
pour constater qu'en France nous sommes assis sur un nid de centrales!
La solution consistera-t-elle à s'enterrer?
Vous connaissez ces cités souterraines en Cappadoce? Comme celle de Derinkuyu, sur
au moins 18 étages, à 85 mètres sous la terre, pouvant abriter 30000 personnes...